Voici
un
peu
plus
d'un
siècle
ans,
se
déroulait
à
Verdun
une
bataille
qui
décida
du
sort
de
la Première Guerre mondiale.
De
nombreux
Vendéens
y
combattirent,
au
sein
notamment
des
glorieux
93ème
et
137ème régiments d'infanterie, partis de La Roche-sur-Yon et Fontenay-le-Comte.
Ce
sont
57
soldats
du
137e
RI
(dont
33
Vendéens)
qui
furent
enterrés
vivants
dans
la
fameuse
"tranchée
des
baïonnettes"
à
la
suite
d'un
violent
pilonnage
de
l'artillerie
allemande.
Après les grandes manœuvres de l'année 1914, le front occidental s'est stabilisé en 1915.
Alliés et Allemands se font face dans les tranchées.
Victorieux sur les fronts russe et serbe, les Allemands entendent forcer la décision.
Le général von Falkenhayn choisit le secteur de Verdun pour mener la grande offensive.
Celui-ci dessine sur la ligne du front un saillant placé sous le feu de l'artillerie allemande.
Surtout,
ville
du
traité
de
843
où
fut
partagé
l'empire
de
Charlemagne,
donnant
naissance
à
la
France
et
à
l'Allemagne,
ville
lorraine
conquise
sur
le
Saint-Empire
par
les
rois de France, Verdun est un symbole.
Falkenhayn
compte
sur
l'envoi
de
nombreux
renforts
français,
qui
seront
alors
décimés
par les immenses moyens en artillerie déployés sur le secteur.
A genoux, la France devra alors solliciter l'armistice ...
Au pire, la prise de Verdun ouvrirait le chemin de la vallée de la Marne.
Pour
mener
l'assaut,
les
Allemands
peuvent
compter
sur
10
divisions
commandées
par
le
prince héritier Guillaume de Prusse, le Kronprinz, dix autres étant tenues en réserve.
En
face,
une
ceinture
de
collines
boisées
et
une
ligne
de
vingt-deux
forts,
construits
après
la guerre de 1870, protègent Verdun.
Mais
l'armée
française
a
délaissé
les
forts,
dont
elle
a
retiré
les
canons
envoyés
en
première ligne.
Dépourvus de moyens de défense, ceux-ci sont une proie facile à conquérir.
D'une
manière
générale,
le
système
défensif
de
Verdun
est
assez
fragile
et
les
effectifs
réduits.
Lorsque la bataille s'engage, les Français se battent à un contre deux.
L'offensive
débute
le
21
février
1916
au
petit
matin,
à
la
grande
surprise
de
l'état-major
français.
Elle
s'ouvre
par
un
gigantesque
tir
d'artillerie,
nettoyant
le
terrain
devant
60000
assaillants allemands.
Décimés
(les
chasseurs
à
pied
du
lieutenant-colonel
Driant
perdent
80
%
de
leurs
effectifs,
dont
leur
chef,
dans
le
bois
des
Caures)
et
dispersés,
les
"poilus"
parviennent
toutefois
à
résister
jusqu'au
25,
au
milieu
de
scènes
d'apocalypse,
jusqu'à
l'arrivée
des
renforts.
Le 26, l'armée allemande n'est plus qu'à cinq kilomètres de Verdun.
Le fort de Douaumont est tombé la veille.
Mais, épuisé et à cours de munitions, l'ennemi doit suspendre son offensive.
Ce répit permet au commandement français de s'organiser.
La
responsabilité
de
la
défense
de
Verdun
échoit
au
général
Pétain,
nommé
commandant
de la 2ème armée française.
Celui-ci
organise
la
rotation
des
divisions
engagées
dans
la
bataille
et
transforme
la
route
départementale
de
Bar-le-Duc
à
Verdun,
connue
depuis
sous
le
nom
de
"Voie
sacrée"
(la
formule est de Barrès), en artère vitale de communication avec l'arrière.
C'est elle qui permet de ravitailler la ville et d'acheminer les renforts.
2000
tonnes
de
munitions,
2000
tonnes
de
vivres,
20000
soldats
vont
y
transiter
chaque
jour et chaque nuit, en un convoi ininterrompu (un camion toutes les quinze secondes).
Durant
dix
mois
de
combats
acharnés,
les
deux
armées
se
prennent
et
se
reprennent
des
lieux
devenus
légendaires
;
la
colline
boisée
du
Mort-Homme,
sur
laquelle
échoue
en
mars la vague allemande, les Eparges...
Les Allemands conservent l'initiative jusqu'en juillet.
Début
avril,
lorsque
s'achève
la
première
phase
de
l'offensive,
ils
n'ont
progressé
que
de
deux kilomètres, mais le pilonnage intense des positions françaises se poursuit.
Après
la
reprise
du
fort
de
Douaumont
par
le
général
Mangin
(fin
mai),
les
Allemands
lancent
le
2
juin
l'attaque
du
fort
de
Vaux,
où
sont
retranchés
les
600
hommes
du
commandant Raynal.
Les
combattants
s'affrontent
à
la
grenade
et
à
la
mitrailleuse
dans
les
galeries
souterraines
du
fort,
dans
lesquelles
l'ennemi
a
pénétré
après
avoir
bombardé
les
ouvertures au gaz.
Épuisés,
manquant
d'eau,
les
survivants
capitulent
le
7
juin
avec
les
honneurs
de
la
guerre.
Le
commandant
Raynal
est
reçu
par
le
Kronprinz,
qui
déclare
regretter
qu'on
n'ait
pu
retrouver son épée, afin de la lui rendre.
C'est
fin
juin,
dans
le
secteur
de
Fleury
et
Souville,
que
se
déroulent
les
combats
où
meurent
les
soldats
(en
grande
partie
Vendéens)
enterrés
dans
la
"tranchée
des
baïonnettes".
Cette
grande
bataille
de
l'année
1916
restera
dans
les
mémoires
comme
"1er
enfer
de
Verdun".
Chaque unité envoyée au front perd en moyenne 25 % de ses effectifs dès le premier jour.
Le froid, la faim, la maladie aggravent le quotidien du "poilu".
Les
troupes
françaises,
qui
passent
deux
jours
en
première
ligne
puis
deux
en
seconde
ligne, se reposent ensuite deux jours à l'arrière.
Les lourdes pertes imposeront bientôt de porter ce rythme à trois jours.
Mais
c'est
ce
roulement
(les
trois
quarts
des
divisions
françaises,
soit
un
million
et
demi
d'hommes,
seraient
passés
par
Verdun
entre
février
et
juillet
1916)
qui
permet
à
nos
soldats de tenir.
Mieux
organises,
mieux
protégés
dans
un
premier
temps,
mieux
ravitaillés
en
eau
et
en
obus, les Allemands passent davantage de temps sur le front.
Leur moral s'en ressent.
Soucieux
de
préserver
les
vies
humaines,
Pétain
sait
au
contraire
galvaniser
ses
hommes,
lançant dans son ordre du jour du 10 avril 1916 son fameux :
"Courage ! On les aura !".
Il appartiendra au général Nivelle de reconquérir le terrain perdu depuis février.
L'offensive
franco-anglaise
dans
la
Somme
est
lancée
en
juillet
1916
afin
de
soulager
Verdun.
Après
une
dernière
attaque,
les
11
et
12
juillet,
à
nouveau
entre
Souville
et
Fleury
(ce
village
a
changé
de
mains
dix-huit
fois
en
un
mois),
dans
laquelle
les
assaillants
perdent
les
deux
tiers
de
leurs
effectifs,
les
Allemands
resteront
désormais
sur
la
défensive à Verdun, où le front est dégarni au profit d'autres champs de bataille.
La
contre-offensive
française,
lancée
en
août,
aboutit
à
la
reprise
de
Douaumont
le
24
octobre.
La
reprise
de
Vaux,
le
15
décembre,
marque
la
fin
de
la
grande
bataille
de
Verdun,
même
si les combats continuent en 1917 et 1918 (le Mort-Homme est repris le 20 août 1917).
Verdun est dégagé définitivement par les Américains le 26 septembre 1918.
En décembre 1916, le front avait quasiment retrouvé ses contours de février ...
La
bataille
de
Verdun
aura
coûté
143000
tués
et
187000
blessés
allemands,
163000
morts et 215000 blessés français.
Six
villages,
dont
Fleury
près
de
Douaumont,
sont
rasés
à
jamais,
tandis
que
les
trous
d'obus
ont
ravagé
une
terre
devenue
méconnaissable,
en
grande
partie
rendue
aujourd'hui à la forêt.
Les
esprits
resteront
marqués
par
le
souvenir
d'un
massacre
sans
précédent,
symbole
puissant du suicide européen que fut la Première Guerre mondiale.